“Je fais des pâtes quatre soirs par semaine.” “Mon ado me regarde comme si j’étais un dinosaure quand je parle.” “Je culpabilise dès que je sors sans eux.” “Je culpabilise quand je reste avec eux.” Voici peut-être des phrases qui vous ont déjà traversé l’esprit en tant que parent. Ces pensées, aussi désagréables soient-elles, sont souvent la preuve qu’on prend ce rôle au sérieux. Car se questionner, c’est ce qui fait de nous des parents attentifs — pas défaillants.
C’est quoi au juste, un “bon parent” ?
Difficile de répondre car cette question est très subjective ! Un “bon parent” au Japon en 1850, en Suède en 2025 ou selon les schémas de notre propre généalogie : ça n’a rien à voir. Il n’y a pas de définition unique : chaque culture, chaque époque, chaque famille hérite de ses propres représentations du “bon parent”.
Et pourtant, la société continue de véhiculer des standards implicites. Sur Instagram on voit : un parent zen, une maison rangée, et un enfant qui mange du quinoa en souriant. Alors c’est normal de se questionner quand de notre côté, on a lutté pour qu’ils mangent quelques légumes, et crié “À table” 3 fois sans réussir à les faire décrocher de leur jeu vidéo.
Quand l’enfant va mal, on peut se sentir nul·le
Il échoue, ne parle pas, se dévalorise, ne veut plus aller à l’école, s’oppose, est victime d’une agression ou répond de manière agressive… Voici des situations qui peuvent nous faire sentir impuissants, et nous pousser à se demander quel épisode on a loupé. Parfois on se répète : “mais qu’est-ce qui cloche chez lui/elle”, et on en vient même à se questionner sur ce qu’on a peut-être mal ou pas assez fait : “J’aurais dû voir, prévenir, mieux faire.”
C’est normal : on a parfois tendance à croire que le bonheur ou le mal-être de notre enfant reflète directement nos compétences parentales, alors que dans les faits, c’est plus complexe que ça. Un enfant est un être humain à part entière, pas un projet qu’on serait censé “réussir”.
Les petits moments où on peut se sentir “bon parent”
Dans cette remise en question permanente, il existe pourtant toujours des éclaircies bienvenues. Ça peut être :
– Quand on passe 45 minutes à l’aider sur un problème de maths, et qu’il ou elle le comprend enfin
– Quand on passe notre samedi après-midi à l’encourager à son tournoi de sport
– Quand on regarde une série ensemble et qu’on rit aux mêmes moments.
– Quand on prépare son plat préféré après une journée difficile.
Ces moments-là, souvent minuscules, sont en réalité précieux. Ils créent du lien, de la confiance, une base solide.
Douter, ce n’est pas faiblir : c’est réfléchir
Se remettre en question, ce n’est pas forcément s’auto-flageller. Ça peut tout simplement être se demander comment faire mieux, comment évoluer en même temps que son enfant.
Un parent qui pense “Est-ce que j’aurais pu faire autrement ?”, qui réfléchit à ses réactions, ou qui s’excuse après une dispute, est déjà dans une posture de progression : et plus que des grands discours, c’est un bel exemple pour son ado qui comprend que les remises en questions, les erreurs et le doute font partie de la vie ! Et que cela n’enlève rien à la valeur d’une personne.
Ce qu’on peut offrir (même les jours sans énergie)
On ne peut pas garantir à un enfant qu’il sera toujours heureux (et le rendre heureux !).
On ne peut pas lui éviter toutes les frustrations.
On ne peut pas être parfait·e tous les jours (et tant mieux non?).
Mais on peut :
– offrir un cadre stable et sécuritaire,
– écouter sincèrement, même quand on ne comprend pas tout,
– respecter les émotions de son enfant, même quand elles sont bruyantes,
– montrer que les adultes aussi font des erreurs… et peuvent changer.
Le but ? Pas d’en faire un mini-soi, ni un génie, ni d’être son meilleur copain
Le but, c’est de l’accompagner vers sa propre vie. Qu’il ou elle devienne libre, autonome, capable de faire des choix (y compris des erreurs), de construire des relations saines — avec nous, mais aussi sans nous.
Et ça, ça se joue dans les petits gestes : les désaccords suivis de câlins, les repas ratés, les moments où on dit “je sais pas” et ceux où on rit jusqu’à en pleurer.
En résumé…
Et si être un bon parent, ce n’était pas cocher toutes les cases, mais simplement rester en lien, même dans les moments difficiles ? Peut-être que c’est accepter de ne pas toujours avoir toutes les réponses, mais de continuer à être là : solide, parfois épuisé·e, parfois drôle, mais toujours présent·e et aimant.